LES POLITIQUES BRUTALES MIGRATOIRES DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE CIBLENT FEMMES ENCEINTES ET NOURISSONS.
- 24/05/2025
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La dernière vague de répression migratoire en République dominicaine suscite une vive condamnation internationale, alors que des rapports font état de femmes enceintes expulsées de force des hôpitaux, de nourrissons séparés de leurs mères, et de communautés entières d’origine haïtienne délogées dans ce que des organisations de défense des droits humains qualifient de « campagne de terreur raciale » déguisée en politique migratoire.
Le Réseau hémisphérique pour les droits des migrants haïtiens (REDMA) dénonce ces mesures mises en place depuis le 6 avril, qui imposent des contrôles d’identification obligatoires dans les hôpitaux et des expulsions massives. Désormais, des agents d’immigration sont déployés dans 33 hôpitaux publics — en particulier dans les maternités — où les femmes haïtiennes et les Dominicaines d’ascendance haïtienne sont arrêtées si elles ne possèdent pas de documents légaux.
Une guerre contre les plus vulnérables
Depuis l’entrée en vigueur de ces mesures le 21 avril, les autorités ont intensifié les rafles, arrêtant et expulsant des centaines de femmes enceintes et en post-partum. Des témoignages glaçants décrivent des femmes encore en train de saigner après l’accouchement, contraintes de quitter les hôpitaux escortées par les agents d’immigration. Les autorités haïtiennes ont confirmé que, rien que fin avril, 154 nouveau-nés — sans leurs mères — ont été expulsés par un seul poste frontalier.
Un cas emblématique illustre la cruauté de cette politique : Lourdia Jean-Pierre, 32 ans, est décédée le 9 mai après avoir accouché chez elle, trop effrayée pour se rendre à l’hôpital de peur d’être expulsée. Sa mort, selon les défenseurs, est une conséquence directe d’un système qui refuse aux femmes haïtiennes l’accès aux soins médicaux.
« Est-il humain d’expulser une femme qui vient d’avoir une césarienne, encore recousue, à bord d’un camion avec un bébé âgé d’un jour ? » s’interroge la présidente de l’Association médicale dominicaine.
Un modèle de violence d’État
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement du président Luis Abinader s’en prend aux femmes haïtiennes. Des politiques similaires en 2021-2022 avaient provoqué un tollé international, mais aujourd’hui, alors que la République dominicaine siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, les abus se sont intensifiés. Plus de 119 000 personnes ont été expulsées vers Haïti en 2025, soit une hausse de 71 % par rapport à l’an passé.
Mais la violence dépasse les murs des hôpitaux. Début avril, le gouvernement a rasé le quartier majoritairement haïtien de Mata Mosquito à Punta Cana, délogeant plus de 500 personnes. Des groupes ultranationalistes, encouragés par l’inaction de l’État, terrorisent les communautés haïtiennes. Le 30 mars, une foule a défilé à Friusa, escortée par la police et l’armée, scandant des slogans anti-haïtiens.
Les défenseurs des droits humains documentant ces abus ont également été victimes d’attaques. Le 27 avril, des membres de REDMA ont été agressés par des militants d’extrême droite lors d’une manifestation commémorant la Révolution d’avril dominicaine, sans intervention policière.
Une complicité internationale
Alors que la République dominicaine dénonce publiquement la crise haïtienne et appelle à l’aide internationale, elle continue pourtant d’expulser des personnes dans ce que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qualifie de zone de guerre « invivable ». Beaucoup d’expulsés sont nés en République dominicaine mais ont été privés de leur citoyenneté par une décision judiciaire de 2013 qui a rétroactivement nié la nationalité aux personnes d’ascendance haïtienne.
« Nous assistons à un apartheid », a déclaré Gabrielle Apollon, coordinatrice de REDMA, lors d’un forum des Nations unies. « C’est une terreur raciale déguisée en politique migratoire. »
Appels à l’action
REDMA exhorte le gouvernement dominicain à :
1. Suspendre immédiatement les expulsions des femmes enceintes, des nourrissons et des malades.
2. Enquêter sur les abus commis par les agents d’immigration et les groupes ultranationalistes.
3. Respecter le droit international, notamment l’appel de l’ONU à suspendre les retours forcés vers Haïti.
Le réseau appelle également à la solidarité mondiale, invitant les communautés noires et leurs alliés à boycotter le tourisme dominicain tant que la violence persiste. « Ce système, prévient Apollon, ne tombera que sous la pression transnationale — comme ce fut le cas de l’apartheid sud-africain. »
Alors que les expulsions continuent, une question demeure : combien de vies encore devront-elles être perdues avant que le monde ne réagisse ? .
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