RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : EXPULSION ILLÉGALE D'UNE MÈRE EN PÉRIODE POST-PARTUM DÉNONCÉE PAR HAITIANOSRD
- 14/05/2025
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Le collectif #HatianosRD a dénoncé, dans un communiqué publié ce 10 mai, l’expulsion qu’il qualifie « d’illégale et inhumaine » d’une femme haïtienne en situation de santé délicate, à peine sortie d’un accouchement par césarienne, ainsi que de sa fille nouveau-née, de nationalité dominicaine.
Manitha Jean Louis, 31 ans, a été expulsée vers la ville frontalière de Belladère, en Haïti, le 8 mai dernier, deux jours après sa sortie de l’hôpital provincial Dr. Ángel Contreras de Monte Plata, où elle avait subi une césarienne en raison de complications liées à une hypertension. Sa fille, Milagros, est née le 2 mai, d’un père dominicain, ce qui lui confère la nationalité dominicaine.
Selon le collectif, « la détention et l’expulsion de Manitha Jean Louis violent non seulement la Constitution dominicaine, mais aussi la Loi générale de migration 285-04 et son règlement d’application ». Le texte juridique stipule clairement, à l’article 134 paragraphe, que « la détention ne doit jamais être utilisée à l’égard de mineurs, de femmes enceintes ou allaitantes, de personnes âgées ou de demandeurs d’asile ». L’article 137, quant à lui, exige que toute mesure d’expulsion soit motivée, notifiée à la personne concernée et accompagnée de l’information sur les recours disponibles, dans le respect du principe du due process.
Le communiqué accuse les agents de la Direction Générale de Migration (DGM) d’avoir emmené Mme Jean Louis dès sa sortie de l’hôpital vers le centre de rétention de Haina, connu pour ses conditions « insalubres et de surpopulation », sans qu’elle ait pu rencontrer son avocat, ni exercer ses droits à la défense. « Ni la mère, ni sa fille ne devaient être expulsées dans ces circonstances. Le gouvernement a violé toutes les garanties fondamentales », souligne le collectif.
Cette expulsion s’inscrit, selon #HatianosRD, dans le cadre d’un protocole mis en œuvre depuis le 21 avril, qui aurait renforcé les opérations ciblant spécifiquement les femmes haïtiennes enceintes ou venant d’accoucher, y compris les Dominicaines d’ascendance haïtienne. « Les abus les plus épouvantables se multiplient chaque jour contre la dignité humaine, au nom d’un processus collectif d’expulsion qui ne respecte ni les lois dominicaines ni les engagements internationaux du pays », déclare l’organisation.
Le collectif dénonce un « état d’exception de fait » en République dominicaine à l’encontre de la communauté haïtienne, et appelle les organisations féministes à briser le silence et à dénoncer les attaques systématiques contre les femmes haïtiennes. « Nous demandons aux avocats engagés en faveur des droits humains d’intenter des actions en inconstitutionnalité contre les actes arbitraires des autorités dominicaines », peut-on lire dans le document.
Le collectif exige que le gouvernement dominicain organise immédiatement le retour de Manitha Jean Louis à Monte Plata pour qu’elle puisse retrouver le père de son enfant et bénéficier de soins médicaux adéquats. Il réclame également une indemnisation pour sa détention et son expulsion illégales, estimant que « sa vie et celle de sa fille ont été mises en péril de manière arbitraire et violente ».
L’affaire de Manitha Jean Louis, conclut le communiqué, n’est qu’un exemple parmi les nombreux cas de violations flagrantes des droits humains recensés chaque semaine dans le cadre des politiques migratoires dominicaines actuelles.