LE RAPPORT DE LA DCPJ CONTRE MAGALIE HABITANT ET L'ANCIEN DÉPUTÉ DE L'AETIBONITE DÉVOILE DES SECRETS CACHÉS .
- 21/04/2025
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Le rapport de la DCPJ dans le dossier de Magalie Habitant met en lumière les connexions présumées entre des figures publiques et le crime organisé. Magalie Habitant, l’ex-directrice du Service national de gestion des résidus solides (SNGRS), y est directement impliquée dans des transactions avec des chefs de gangs. Les preuves avancées incluent des échanges WhatsApp, des relevés de transferts d’argent, et des aveux de l’accusée sur ses relations avec des bandits notoires.
« Magalie Habitant confirme qu’elle entretient de très bonnes relations avec la quasi-totalité des chefs de gangs de la région métropolitaine. Ceci est confirmé par des appels téléphoniques relevés dans son répertoire, des messages WhatsApp entre elle et des chefs de gang dont le nommé Kempès pour achat de munitions en grande quantité – son avocat et elle étant présents. Kempès lui a réclamé vingt (20) caisses de cartouches de différents calibres qu’elle peut trouver par le biais de Prophane Victor (ancien député et ancien directeur de la douane de Belladère). Mme Habitant lui a donné le montant qu’il devait verser pour l’achat des vingt caisses de cartouche, soit soixante-dix mille dollars », révèle, entres autres, le rapport de la DCPJ, rapporté par la FJKL.
De plus, l'implication de plusieurs hauts responsables, dont Elionor Deval_lon, ex-directeur de la CAS, soulignent la porosité des institutions publiques face à l’infiltration criminelle. Les malversations financières identifiées, comme l’auto-attribution de chèques à hauteur d’un million de gourdes par Deval_lon, illustrent un usage abusif de fonds publics destinés aux plus vulnérables.
« Elionor Deval_lon, interrogé sur l’argent envoyé à Jimmy Cherizier alias Babekyou, confirme que Magalie Habitant lui avait demandé ce montant pour un "Gran frè" ; Les talons de chèques imprimés par la Banque de la République d’Haïti (BRH) retrouvés dans le véhicule du directeur de la CAS révèlent que 28 chèques sur 130 émis par la CAS pour un montant total d’ 1,299,729.00 gourdes ont eu pour bénéficiaire Elionor Deval_lon lui-même », souligne par ailleurs le rapport de la DCPJ, selon la FJKL.
Des faiblesses méthodologiques et procédurales
Malgré ces apports, le rapport de la DCPJ n’est pas exempt de critiques. La FJKL souligne l’absence de distinction claire entre faits établis et simples allégations. Certaines affirmations du Bureau de renseignement judiciaire (BRJ) sont versées au dossier sans preuve matérielle ni corroboration, compromettant la solidité juridique de l’enquête.
« Les notes du BRJ ne peuvent être versées dans un dossier criminel sans aucun moyen de vérifier leur bien-fondé ; Le BRJ doit documenter les informations qu’il collecte, collecter des indices, des éléments de preuve matérielle, des témoignages aux fins de les soumettre, au besoin, à la justice », a fait remarquer la Fondasyon je klere.
La partialité dans le traitement des suspects est également pointée du doigt. Alors que des personnalités comme l’Inspecteur général Alain Auguste ont été ciblées par des interrogatoires sur la base de simples rumeurs, d’autres, comme l’homme d’affaires ayant offert un véhicule blindé à un chef de gang, n’ont même pas été identifiés ou convoqués. Ce deux poids, deux mesures laisse planer des doutes sur l’impartialité des enquêteurs.
« Au cours du troisième interrogatoire de Magalie Habitant, l’enquêteur lui a posé une question venue de nulle part lui demandant quelle est sa motivation pour être de mèche avec la coalition "Viv ansanm" pour propulser à la tête de la PNH le Directeur central de la police administrative (DCPA), l’Inspecteur général Alain Auguste. Magalie Habitant n’a pas confirmé qu’elle cherchait effectivement le support des gangs pour permettre à Alain Auguste de prendre la direction de la PNH […]. Il est clair qu’il y a eu une tentative de manipulation de l’enquête en vue de nuire à la réputation de l’IG Alain Auguste par le seul fait que son nom a été cité comme probable successeur de l’actuel DG Rameau Normil à la tête de la PNH », lit-on dans le rapport de l’organisme de défense des droits humains.
« Pendant que la DCPJ a adressé trois invitations au directeur de la Police administrative pour être interrogé sur le support présumé dont il aurait bénéficié de "Viv ansanm" pour prendre la tête de la PNH, aucune invitation n’a été adressée à l’homme d’affaires qui a offert à Jeff Canaan un véhicule Toyota Land Cruiser blindé, niveau 6 dont le coût s’élève à plus de 250 000 dollars américains pour des faits de financement du terrorisme. Même le nom de cet homme d’affaires est gardé secret par la DCPJ. Quel paradoxe ! », déplore la FJKL.
Malgré ces failles, la FJKL considère que les éléments du rapport justifient une poursuite pénale. Le renvoi du dossier au cabinet d’instruction, après la libération de trois prévenus et la détention prolongée des autres, marque le début d’une phase cruciale. Il revient désormais au juge d’instruction de combler les lacunes de l’enquête, de vérifier la solidité des preuves et de garantir les droits de toutes les parties.